Il y a quelques temps, @podshows postait un nouveau message sur Twitter pour évoquer la relation entre la fameuse plateforme YouTube et les podcasts ou sagas mp3.
Quand on voit les podcasts qui diffusent aussi sur YouTube, et les saga MP3 qui font de même, c'est le signe qu'il y a un soucis.
— PodShows (@podshows) 23 Octobre 2014
Ce n’est un secret pour personne, je n’apprécie pas beaucoup les plateformes de streaming et YouTube encore moins, spécialement quand il s’agit des sagas mp3. Et si je ne connais que très peu l’univers des podcasts, je pense tout de même que les critiques que je pourrais faire au sujet de la sagasphère le concerneraient également. Alors pourquoi est-ce YouTube ne serait pas adapté à la diffusion de sagas mp3 ?
D’abord et avant tout parce que YouTube est une plateforme de partage de vidéos. Oui, cette idée mérite largement d’être rappelée à tous. Parce que l’image est au cœur de cette plateforme, tout a été fait pour la privilégier. Alors que la sagasphère est un univers qui se passe justement de l’image, publier sur YouTube nous pousse de nouveau à lui donner de l’importance. Aussi bien lors de la création d’un nouveau contenu que de sa publication.
Cela modifie également la façon dont l’internaute interagit avec notre contenu. Une plateforme de streaming musical comme Soundcloud tient justement compte de ces notions. Il est par exemple possible de naviguer au sein du contenu de ce site tout en poursuivant l’écoute d’un morceau choisi. Ce qui évidemment n’est pas le cas sur YouTube où le spectateur se doit d’être attentif aux images. Je sais que les sagas mp3 sont moins sensibles aux pertes d’attention de l’auditeur que les feuilletons radiophoniques grâce à la différence de mode de diffusion mais celles qui en tiennent compte bénéficient d’un certain avantage. Et cela vaut également pour la plateforme de diffusion retenue. Cela dit, le simple ajout d’une image sur Youtube ne retiendra personne. Il faut qu’elle soit animée pour vous accrocher, autrement on se retrouve habituelle pour la diffusion d’un contenu audio sur internet.
Mais pour être honnête, ces détails sont de moindre importance face à ce qui me dérange le plus : la centralisation des informations sur YouTube. Comme me le faisait remarquer à juste titre Horine sur Twitter, les créateurs doivent aller au devant de leur public. Je le comprends et je ne reprocherai jamais aux auteurs de la sagasphère leurs chaînes YouTube. Cependant, cette attitude révèle deux choses dérangeantes.
La première concerne les auditeurs qui deviennent monstrueusement fainéants. Il faut que tout puisse être trouvé sur ce site et ils ne doivent pas en sortir. Plus que l’utilisation d’une plateforme non adaptée, je trouve ce manque de courage enferme plus qu’autre chose. Il faut que chaque format se trouve une utilisation spécifique. Pour autant, je ne suis pas contre le fait de détourner un usage si celui-ci convient mieux. Ce qui m’attriste est que ce choix paraisse avant tout être celui de la faiblesse, pas celui de l’adaptation. Et il s’agit également d’une étrange injonction faite à ceux qui produisent du contenu. Venez à moi car sinon je ne viendrai pas à vous. Il est pourtant si facile de se déplacer sur internet…
La seconde attitude qui me déplaît parfois sur YouTube — ou Facebook également — est qu’un nombre toujours plus grand de nouveaux créateurs sur ces plateformes gigantesques s’y enferment. Je comprends bien que ces prisons dorées sont nettement bien plus faciles d’accès que nombre de systèmes de blogs et que toutes les offres d’hébergement mutualisées réunies. Je trouve cependant regrettable l’appauvrissement d’Internet qu’elles causent. Comment alimenter un agrégateur de flux RSS ou de podcasts avec une page Facebook ? Comment extraire ses épisodes de YouTube si l’on trouve tout à coup bien mieux ailleurs ? Où puis-je créer une liste de questions fréquentes sur ma chaîne ? Je fais des mini-jeux pour PC et j’aimerais les faire découvrir à mes auditeurs, Facebook pourra-t-il me les héberger ? Si la multiplication des façons d’accéder à la connaissance ou la culture sont à louer, je trouve fort dommage que certains se laissent parfois enfermer dans ces systèmes.
Voilà pourquoi je maintiendrai que publier des sagas mp3 sur YouTube n’est sans doute pas la meilleure des idées. Et même si je connais les défauts des moyens plus classiques de diffusion sur internet, ce sont ces derniers que je continuerai à soutenir car ceux-ci ne vous enferment pas. Ou moins.